Que mangera-t-on demain ? Question pénible quand on ouvre son frigo vide le soir, mais qui prend tout son sens quand on se projette un peu plus loin dans le temps.
L’industrie agroalimentaire est une des premières impactée par les chamboulements de notre époque : croissance démographique, réchauffement climatique, conflits… Pourtant, se nourrir reste un besoin essentiel de l’homme, et on ne peut faire l’impasse dessus.
Alors quand des problèmes s'annoncent, il faut anticiper et trouver des solutions. C’est pourquoi nombreux sont ceux qui recherchent et développent des alternatives à nos habitudes alimentaires actuelles pour répondre au besoin des humains.
Le réchauffement climatique impacte surtout l’agriculture. Entre les catastrophes naturelles qui se multiplient mais aussi les changements de température brusques et les limites entre les saisons qui s’effacent, c’est tout le cycle naturel des plantes qui est impacté.
En France, la floraison des arbres fruitiers pourrait être plus précoce, ce qui exposerait davantage les jeunes pousses aux risques de gel. Nous en avons déjà vu les effets ces dernières années, notamment dans le Sud où de nombreux vergers ont été ravagés par une vague de froid.
Les adoucissements des températures permetteront aux maladies comme la rouille de se développer plus rapidement, et aux ravageurs de prospérer. De nouveaux insectes arriveront également, venus de pays lointains, sans qu’il n’y ait de prédateurs sur les nouveaux espaces qu’ils choisiront.
La menace pèse principalement sur les cultures céréalières qui sont pourtant l’aliment de base pour 4 milliards d’humains. D’après une étude scientifique de la revue Science, il est prévu une perte de rendement pour le blé, le riz et le maïs qui augmenterait de 10 à 25% à chaque degré supplémentaire. En effet, plus il fait chaud, plus les insectes ravageurs ont faim et se reproduisent. La France, les Etats-Unis et la Chine sont les premiers impactés car ils en sont les principaux producteurs.
Une autre culture à risque est celle du café en Amérique latine qui, d’ici 2050, verrait sa surface de culture réduire de 88% à cause de la montée des températures. Les cultivateurs devront planter dans les hauteurs, mais la culture y est plus compliquée.
La betterave, elle, est une espèce qui vit relativement bien le réchauffement climatique. Elle ne nécessite pas beaucoup d’eau, se développe au rythme de l’apport nutritif reçu, et les feuilles résistent à la grêle…
Les climatologues et les agronomes restent tout de même prudents sur leurs prévisions. On parle beaucoup de stress hydrique également, mais il reste de vraies incertitudes sur la question des précipitations, et donc des besoins ou non de nouveaux systèmes d’irrigation. Mais de manière générale, l’agriculture devra s’adapter et se remodeler autour des nouvelles données climatiques.
Des recherches notamment sur la génétique des plantes sont en cours pour analyser les espèces les plus à même de résister au stress hydrique, aux maladies et aux variations de température.
L’agroalimentaire doit alors relever le défi de raisonner sa production pour réduire son impact environnemental, tout en produisant assez pour nourrir une population dont la démographie ne cesse d’augmenter. Et en prenant en compte le réchauffement climatique qui vient chambouler les cultures.
Les surfaces agricoles tendent à diminuer, aussi bien à cause des modifications météorologiques que de l’activité industrielle et urbaine qui grignote peu à peu les espaces ruraux. Selon les données de l’ONU, en 2050 les zones urbaines abriteront 70% de la population mondiale en investissant de nombreux espaces agricoles. Les prévisions indiquent la disparition de la moitié des zones cultivées actuellement, avec une réduction de la production alimentaire de 1 à 4% (soit l’équivalent de nourriture pour 100 millions à 1 milliard de personnes par an…).
C’est pourquoi nous voyons de plus en plus de fermes verticales se construire pour rapporter un peu de campagne en ville, et produire des aliments au sein même des foyers de population. Nous avons déjà écrit à ce sujet, donc nous n’y reviendrons pas ici.
Bien qu’elle subisse les conséquences du réchauffement climatique, l’industrie agroalimentaire n’en est pas qu’une victime collatérale puisqu’elle est responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
Le secteur de l’élevage y est pour beaucoup puisqu’il représente 78% de ces émissions en comptabilisant à lui seul près de 7 milliards de tonnes de CO2 et beaucoup de méthane. Les produits laitiers ont aussi une empreinte carbone élevée, avec une moyenne de 0,7kg de CO2 émis par litre de lait. Voici un schéma qui indique l’empreinte carbone de certains de nos aliments.
Ce qui peut nous faire réfléchir sur notre consommation de viande et de produit animal… Pour réduire cette pollution, il faudrait que chacun diminue de 70% sa consommation de viande, et de 50% sa consommation d'œuf et de lait. Est-ce que nous sommes prêts à jouer le jeu ?
L’industrie agroalimentaire est également une grande consommatrice d’eau, puisqu’elle utilise 69% de l’eau douce mondiale. Quand on sait sa rareté et que l’on est au courant des risques de stress hydrique de plus en plus présents, on peut se rendre compte de l’importance de ce chiffre et du besoin urgent de le réduire.
On constate également la dégradation généralisée des sols, à cause d’une surexploitation massive. La terre s'appauvrit et ne fournit plus assez de nutriments aux cultures. Liée à la forte présence de CO2, cette dégradation a aussi un impact sur la qualité des aliments dont la teneur en nutriments se détériore. Le nombre de personnes souffrant de carences nutritionnelles va empirer d’ici 2050, surtout au niveau du fer, du zinc et des protéines. Le riz est principalement concerné, alors qu’il est la source de 70% des calories journalières dans les pays où il est consommé.
Il est donc urgent de trouver des alternatives pour nourrir la population en lui apportant tout ce qui est essentiel à sa santé et son bien-être. Heureusement, nous en avons quelques unes à vous présenter.
Pour adapter les cultures au réchauffement climatique, pour diminuer la consommation de viande sans réduire l’apport de protéine dans l’assiette, il existe plusieurs belles alternatives qui se développeront davantage ces prochaines années.
Les semences et les plants sont le premier maillon de la chaîne alimentaire, ce sont donc eux qui donnent le ton, et par eux que l’on peut créer des changements. Les semences fournissent la base élémentaire de l’agriculture de demain, et il faut les sélectionner avec soin pour choisir les variétés les plus capables de résister au stress hydrique et aux ravageurs.
Aujourd’hui, la très grande majorité des semences utilisées en France sont celles inscrites dans le catalogue de variétés créé depuis 1932, qui recensent toutes les variétés admises à la commercialisation. Il regroupe près de 9000 variétés pour 190 espèces, qui appartiennent à 5 multinationales. Les agriculteurs n’ont en théorie pas le droit d’utiliser des semences non inscrites dans ce catalogue.
Ces semences sont pour la plupart des hybrides F1, travaillées pour avoir les meilleurs gènes possibles et une grande résistance aux aléas climatiques. Sauf qu’en contrepartie, contrairement aux espèces naturelles, ces graines sont non reproductibles, et après un bon rendement la première année elles s’appauvrissent considérablement. Les agriculteurs sont donc obligés de racheter leur semence, ce qui crée une énorme dépendance des prix et variétés proposées par les industriels et entraîne une perte d’autonomie considérable.
Dans un premier temps, ce système de clonage des semences a porté ses fruits puisqu’en un demi-siècle la production agricole française a doublé. Et pourtant, le monopole engendré par la création du catalogue de variétés a entraîné la disparition de 75% des espèces cultivées en détruisant ainsi la biodiversité.
Ces variétés hybrides, à cause de leur génome modifié, sont devenues hypersensibles et ont des besoins spécifiques en intrants chimiques (pesticides et fertilisants) également vendus par les multinationales. On rentre ainsi dans un cercle vicieux dévastateur pour l’agriculture.
C’est pourquoi beaucoup souhaitent revenir aux semences hors catalogue, les semences anciennes aussi appelées semences paysannes, semences de pays, traditionnelles ou créoles. Pourquoi ? Parce qu’elles sont issues de milliers d’années de travail réalisé par nos ancêtres paysans, qui ont sélectionné les espèces les plus résilientes, les plus productives, les plus autonomes. Contrairement aux variétés hybrides du catalogue qui sont étudiées pour résister au transport et au stockage après avoir eu une croissance productive, elles contiennent 5 à 12 fois plus de nutriments et se replantent une année après l’autre.
Ces semences anciennes, riches d’un long passé, ont une capacité de résilience insoupçonnée. C’est ce que nous explique Pascal Poot, producteur dans l’Hérault :
Avec ce cadre législatif qui oblige en théorie les agriculteurs à n’utiliser que les semences inscrites dans le catalogue, les semences anciennes sont menacées avec 75% des variétés qui ont disparu en 100 ans.
En octobre 2018, la loi EGALIM (pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous) autorisait dans un de ses articles de vendre des semences anciennes aux particuliers. Mais quelques mois plus tard, le Conseil Constitutionnel a censuré cet article pour “des raisons de procédures”.
S’il est donc interdit de commercialiser des semences paysannes, il est pourtant permis de vendre les produits issus de ces cultures non inscrites au catalogue. Alors aujourd’hui de nombreux paysans s’affranchissent de cette loi pour revendiquer le droit de semer librement et de développer le savoir-faire acquis dans le temps.
Les insectes ont un taux de protéines très élevé, même plus que chez les végétaux, viandes, œufs et volailles. Il peut atteindre jusqu’à 75% sur un extrait sec !
Leur élevage est assez facile et surtout bien plus écologique que celui de bovin par exemple. A titre de comparaison, produire 1kg de vers de farine entraîne 10 à 100 fois moins d’émission de CO2 que la production de 1kg de bœuf. Et en termes de nourriture, il en faut seulement 1,1 kg pour produire 1kg de criquets quand il y en a besoin de 10 kg pour 1 kg de viande.
Et surtout, ils ne contiennent pas de pesticides ou produits nocifs, car l’insecte ne survit pas à l’ingurgitation de produit chimique.
Avec près de 1400 espèces comestibles par l’Homme, nous avons de quoi avoir dans l’assiette une belle portion de protéines, sans produit chimique ni impact négatif sur la planète.
Pour autant, cet aliment n’est pas très à la mode dans les pays occidentaux, bien qu’ils fassent déjà partie des habitudes alimentaires dans certains pays comme la Thaïlande ou le Nigéria par exemple.
On les voit parfois apparaître sur des plateaux d’apéritifs quand un ami a voulu tenté une nouvelle expérience exotique, mais ce n’est pas courant. Il est conseillé de commencer à s’y habituer en les mangeant dans les gâteaux et farine avant de les consommer en entier.
Jimini’s, marque française créée en 2012, propose de nombreux produits pour intégrer les insectes à l’alimentation : des granolas, des barres protéinées, des pâtes, des crackers… Mais aussi des insectes entiers à grignoter comme le molitor, le criquet ou le grillon. Ils sont assaisonnés avec des saveurs sucrées ou salées pour offrir en bouche un maximum de goût et plein de protéines avec une très faible empreinte carbone.
La société Ynsect crée elle des aliments pour animaux et plantes à base d'insectes. Ils élèvent des scarabés dans des fermes verticales à empreinte carbone négative, et les transforment ensuite en poudre nutritive pour poissons, volailles, animaux de compagnie et autres.
Ils développent aussi des produits qui seront destinés aux humains pour contribuer au défi de l'alimentation mondiale tout en préservant les ressources et la biodiversité, et en luttant contre le réchauffement climatique.
La commercialisation en France et en Europe de produits alimentaires à base d’insectes (comme des farines ou des biscuits) ou d’insectes entiers n’a pourtant pas été facile.
C’est notamment pour cette raison que la marque Ynsect s’est surtout concentrée sur la nourriture animale, mais souhaite maintenant s’orienter vers une offre pour les humains.
Avant 2020, le règlement sur les nouveaux aliments “Novel Food” était clair. Tous les aliments traditionnellement non consommés avant 1997 ne pouvaient être commercialisés sans autorisation préalable de la Commission européenne. Cette loi permettait de se protéger contre l’arrivée de produits génétiquement modifiés.
Mais où ranger les insectes, qu’ils soient entiers ou morcelés ? Le flou juridique est total sur la question. Les pays européens choisissent eux-même, et la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni autorisent leur vente sur leur territoire. La France part du principe de précaution et en s’appuyant sur la loi Novel Food, l’interdit.
Mais après de nombreux recours de différentes marques dont Jimini’s, en octobre 2020, la décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne tranche “ les insectes entiers ne sont pas concernés par le champ d’application du règlement 258/97 dit Novel Food ». Le Conseil d’Etat confirme cet avis en février 2021.
Les droits sont donc plus clairs, et les autorisations de la Commission Européenne pour la vente d’insectes sont plus courantes, mais dans la pratique il faut encore trouver le bon équilibre suite à ces changements. Nous verrons dans les prochaines années comment cette commercialisation se développe.
Les algues surprennent moins que les insectes, et visuellement il est plus facile de s’y habituer. D’autant que 60% des français ont déjà mangé des algues. Bien qu’elles n’apparaissent pas dans nos plats traditionnels, elles ont fait leur entrée par le biais de la nourriture asiatique avec les feuilles de noki des makis, les salades de wakame et la soupe miso.
On trouve aujourd'hui en Europe plus de 150 espèces d’algues consommées, mais il en existe entre 200 000 et plusieurs millions, donc le champ des possibles et des saveurs est immense. On les utilise même en cosmétique, pour leurs vertus anti-oxydantes
Très riches en minéraux, parfois bien plus que les légumes terrestres, les algues sont une vraie source de protéines, de fibres, de calcium, potassium, iode, phosphore, fer et zinc. Situées au plus bas de la chaîne alimentaire, elles sont pourtant une solution de qualité aux potentiels problèmes de pénurie alimentaire.
Les algues brunes ont un taux de protéines équivalent à 8 à 15% de leur poids sec, les vertes de 10 à 26% et les rouges ont un taux pouvant aller jusqu’à 47% de leur poids sec. Le soja, considéré comme la référence de protéine végétale en contient seulement 25%.
La spiruline est sûrement l’algue la plus prisée pour son apport nutritif, puisque 100 g de cette algue apporte entre 60 et 80 g de protéines, soit presque le besoin journalier d’une personne adulte. On y trouve aussi de la vitamine B12, qui ne se trouve quasiment que dans la viande, et des Oméga 3.
Elles sont faciles à cultiver, puisqu’elles croissent dans l’océan pour la plupart et n’ont besoin que de lumière, de C02 et de nutriments. A noter pourtant que très peu d’algues sauvages sont consommées, 92% de celles que l’on mange proviennent de l’algoculture, que ce soit des algues d’eau douce ou des algues marines.
Elles poussent très vite, puisqu’on peut les récolter pour certaines espèces 10 à 12 semaines après plantation. Il faut seulement faire attention à ce qu’elles ne prolifèrent pas trop et abîment les fonds marins. L’algoculture est surtout développée en Asie et en Amérique du Nord, et très peu en Europe.
Voici un exemple d’algoculture en Bretagne :
Il n’existe pas de loi particulière relative aux algues au niveau européen, il faut se rapporter à la loi Novel Food, dont on a parlé plus haut.
En France, 25 algues ont été listées comme pouvant être utilisées et commercialisées comme aliment : 3 microlages, 9 macroalgues brunes, 11 rouges et 2 vertes. On y retrouve bien sûr parmi d’autres la spiruline, la laitue de mer, le wakame, la Dulse, la Nori, la Spaghetti de Mer et le Kombu. Au fur et à mesure du temps et des demandes, il est fort possible que cette liste évolue.
Avant d'être mises sur le marché, elles doivent passer des tests pour satisfaire les critères relatifs aux métaux lourds et à l’iode.
Près de 38% des Français se disent flexitariens et souhaitent diminuer leur consommation de viande. Pour garder une alimentation variée, ils se tournent vers des substituts comme les steaks végétaux, riches en protéines végétales.
Les protéines végétales utilisées dans ces produits alimentaires sont tirées des légumes secs qui ont une empreinte carbone bien plus faible que la viande.
Le débat s’oriente souvent autour des différences entre les protéines complètes et les incomplètes, qui ne fournissent pas certains acides aminés nécessaires au corps humain. Les protéines animales (viande, poisson, œufs et produits laitiers) sont complètes, mais ce n’est pas le cas de toutes les protéines végétales comme dans les noix, les lentilles et le tofu par exemple.
Mais certaines graines comme le soja, les haricots rouges et le quinoa contiennent des protéines complètes. A noter que la combinaison de deux sources de protéines incomplètes formera une protéine complète dans le régime alimentaire.
Pour autant cette alternative de galette végétale n’est pas parfaite comme alternative à la viande, car 60% des substituts végétaux contiennent du soja dont la culture est une cause majeure de la déforestation en Amérique du Sud.
Cela reste pour autant une option qui limite l'élevage et évite la maltraitance animale. Il est important dans tous les cas de vérifier la composition des produits et de contrôler la provenance des légumineuses.
Cette appellation de “steak végétal” a fait couler beaucoup d’encre. Depuis le 27 mai 2020 la loi “relative à la transparence de l’information sur les produits alimentaires “ interdit d’utiliser les mots qui sont traditionnellement relatifs à la viande (comme steak ou saucisse) pour des produits à base de protéines végétales comme le soja, les pois ou le blé.
Le décret n’est pas encore en application, il entrera en vigueur en octobre 2022. Il autorise malgré tout la commercialisation des “denrées fabriquées ou étiquetées” avant cette date jusqu’à fin décembre 2023.
De plus, la présence de protéines végétales dans un produit ne peut être mentionnée que si son taux est supérieur à 45% de la matière sèche.
La viande de synthèse, ou viande de laboratoire, ou viande in vitro, est une solution qui est largement considérée comme la solution d’avenir, qui offre une alternative à la viande d’élevage sans pour autant modifier nos habitudes alimentaires. Et pourtant, elle ne fait pas l'unanimité.
Le procédé est technique et innovant. Les scientifiques sélectionnent des cellules souches qui ont un taux de reproduction favorable, et les mettent dans un sérum qui leur permet de se multiplier. Le processus est rapide, bien plus que la production de viande traditionnelle par l’élevage, puisqu’au bout de quelques mois au lieu d’un an la viande produite est comestible.
Dans des conditions idéales, il faudrait seulement deux mois pour produire des milliers de tonnes de viande de porc à partir de quelques cellules musculaires.
Le prix est élevé même s’il tend à baisser. En 2013 apparaît le premier hamburger de viande de laboratoire, présenté par une équipe de l’université de Maastricht, dont le coût de production a atteint les 300 000 dollars. En 2016, Memphis Meats réussit à produire du bœuf de synthèse à 40 000 dollars le kilo et du poulet artificiel à 20 000 dollars le kilo. Un prix qui reste exorbitant par rapport à la viande traditionnelle, et ne serait accessible qu’à une clientèle de luxe lors de sa présumée commercialisation, en 2035 (projection des scientifiques).
L’élément le plus coûteux de ce procédé est l’utilisation de sérum bovin foetal, un sous-produit animal qui permet une bonne croissance des tissus musculaires. En février 2022, une étude de Messmer et al. propose un alternative pour le remplacer, ce qui permettrait même aux végétariens de manger cette viande de synthèse s’ils en ont l’appétit.
Même si la viande de laboratoire permettrait de faire entre 7 et 45% d’économie d’énergie et 4% d’eau par rapport à l’élevage agricole, le poids de son impact environnemental fait diverger les opinions.
Des chercheurs ont démontré que la culture de viande in vitro pourrait avoir des conséquences plus graves sur l’environnement que l’élevage traditionnel. Cette méthode produit des gaz à effet de serre qui sont très persistants dans l’atmosphère, là où l’élevage émet du méthane certes polluant mais qui disparaît plus rapidement, en une dizaine d’années.
Alors il est important de réduire les émissions de méthane qui sont polluantes, mais s’il est remplacé par des émissions de CO2, les conséquences peuvent être néfastes sur le long terme, et peut-être même pire avec la production de viande de synthèse que l’élevage traditionnel.
Il n’existe pas de loi particulière autour de la viande de synthèse, puisqu’elle n’est qu’en phase d’expérimentation mais non de commercialisation.
Pour autant, elle devra se soumettre à la loi “Novel Food” comme vu précédemment, et ne pourra certainement pas prendre les nominations traditionnellement associés à la filière animale comme steak et saucisse. C’est du moins ce que la filière animale porcine demande, au même titre que pour les aliments alternatifs aux protéines végétales.
En avançant vers une agriculture plus durable et plus résiliente, et en diversifiant nos sources de protéines pour garder un régime sain mais raisonné, nous pourrons répondre au grand défi de l'alimentation de demain
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